Références aux Toledoth Yeshu

 

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Giacomo Casanova

Le Philosophe et le théologien (extrait)

 

Le Philosophe : […] Ce fut alors que les chrétiens gagnèrent courage : ils vivaient avec les juifs, et dans ces circonstances ils se découvrirent en s’appelant Galiléens, et ne voulant avoir plus rien de commun avec leurs premiers confrères les juifs disgraciés. Ceux qui se trouvèrent entre eux avec quelqu’ombre de littérature écrivirent contre les juifs, et voilà l’origine de trente ou quarante évangiles, dont chacun narrait une vie de J.-C., tous avec des différences essentielles. Ils contenaient cependant tous une quantité de miracles, tous incroyables, qu’ils attribuaient à leur fondateur. Ce fut alors qu’apparut une Rapsodie dont le titre fut Sepher Toldos Jeschut. Ce petit livre contenait beaucoup de prodiges, et était peut-être extravagant comme tous les évangiles qui couraient, mais il faut avouer que ce qu’il dit est plus conforme à la raison que tout ce que disent les autres. On y lit que Jésus était fils d’une femme nommée Miria, ou Maria, car chacun y lisait la voyelle à sa fantaisie, et que cette Maria était la femme, à Bethlem, d’un pauvre artisan appelé Jocanam. On y dit qu’un soldat nommé Joseph Pander devint amoureux d’elle, qu’il l’engrossa, et que son mari Jocanam, au désespoir, s’est enfui à Babylone où plusieurs juifs se trouvaient encore. Le fils que Maria mit au monde fut déclaré bâtard par les juges de la ville ; mais parvenu à l’âge o l’on permettait aux juifs d’aller à l’école, et s’étant mis en compagnie des enfants légitimes, les maîtres le chassèrent, d’o prit naissance sa haine aux docteurs qu’étant adulte il caractérisa de race de vipères, de sépultures blanchies. On y dit qu’ayant eu une certaine querelle avec un juif nommé Judas à cause d’intérêt, et sur des points de religion, Judas l’accusa au Sanedrin, qu’il fut arrêté, qu’il pleura, qu’il demanda pardon, mais que ce fut en vain puisqu’il ut fouetté, lapidé, et pendu enfin à la croix. Ce livre existait dans le second siècle, il est Cité par Celse, Origène le réfuta, et il parvint jusqu’à nous quoique très défiguré. Vous voyez qu’il est plus vraisemblable que Miria ait été rendue grosse par un soldat que par un orage arrivé par l’air pour lui faire compliment de la part de Dieu précisément comme Mercure qui annonça Jupiter à Alcumène. […].

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